Un vent de création ... a soufflé un peu trop fort.

9 juin 2019

Cette information que je donnais voilà deux jours m'a véritablement alléchée. Je pensais aller lundi après-midi visiter ce rassemblement d'artistes et d'artisans d'art mais les circonstances m'y ont envoyée hier samedi et je n'ai pas regretté mon changement d'emploi du temps !

Tout d'abord il faut retenir que le festival a dû se réfugier dans la SALLE DE SPORTS de POMMERIT-JAUDY. Donc inutile d'aller jusqu'au Manoir du Cosquer car, à cause de la grosse tempête, les stands ont été démontés et les exposants se sont repliés dans la salle de sports, aimablement mise à disposition par le maire du village, très réactif. En effet, si nous, en bord de mer, n'avons pas eu à nous plaindre de dégâts majeurs, c'est que les vents avaient été freinés par la campagne du centre Bretagne. Les abords de Pommerit-Jaudy témoignaient de la violence des bourrasques. Les arbres coupés le long de la route, les branches amassées à la va-vite sur les bermes, les milliers de feuilles éparses arrachées de leurs branches, laissaient bien imaginer la vitesse des vents, calculée ici jusqu'à 120 km/heure.

Si le vent s'est ici montré violent, le vent de la création a lui certes soufflé mais nettement plus calmement et plus doucement. Donc il ne faudra pas tenir compte du décor mais je vous engage vraiment à aller faire un tour dans cette belle exposition pour y rencontrer les créateurs très accueillants et ravis de répondre aux questions, voire même de faire des démonstrations de leur savoir-faire.

Bien évidemment je ne montre pas tout car ce serait déflorer le sujet et encourager certains à renoncer au déplacement. Alors que c'est précisément sur place que l'on peut prendre le temps de découvrir les pièces, que l'on peut les toucher (encouragée par l'artiste !), que l'on peut discuter avec les créateurs à propos de leur travail et de l'admiration que nous pouvons leur porter.

Dès l'entrée, c'est Jehan, calligraphe de Locquémeau qui dessine votre prénom et lui ajoute tout un décor multicolore. C'est une calligraphie orientaliste qui, selon moi (pour le peu que j'en connais), se rapprocherait de la calligraphie arabe. Mais l'homme a d'autres traits à son calame comme l'encre au pinceau dans le pur art Japonais ou encore l'ajout de tout un ensemble architectural à ce que j'aime par-dessus tout : le 魚拓.... Allez je traduis ? Le "Gyotaku" autrement dit "l'empreinte de poisson peinte".

Plus loin, après les beaux tableaux de Jehan, ce sont les céramiques de Pauline qui donnent l'envie de s'arrêter.... (Facebook : Pauline Céramique)

et puis aussi les sculptures sur lierre de René Le Dily (de Ploubazlanec) . Ces sculptures m'ont fait penser au travail d'un certain Didier qui se reconnaitra !

Après un arrêt au stand des boissons (café, thé, jus de fruit) et de la restauration (des gâteaux à tomber par terre sont proposés qui ont été réalisés par la propriétaire du Manoir du Cosquer précisément) où l'envie de fiches-recettes vous fait durer un peu plus longtemps...

C'est le sourire timide de Sophie Gerl qui vous reçoit à son stand "l'Animalirium" Facebook : "l'animalirium de Sophie Gerl.... On croirait le nom d'une maladie mais c'est une vraie belle maladie : sur le dessin sublime d'un poisson, d'un cerf, d'un loup (il faut dire que Sophie a fait les Beaux-Arts et qu'elle peint des décors dans les hôpitaux ou dans les chambres d'enfants), une pierre a été posée qui apporte une troisième dimension au tableau.

En fait, Sophie ramasse les pierres qui lui parlent ; celle-ci lui évoque la silhouette d'un poisson des ténèbres, celui-là la silhouette d'un échassier. Il n'en faut pas plus pour que le tableau naisse, la pierre ajoutant de l'ombre, de la masse, de la texture au graphisme délicat qui la supporte. Il faut y regarder de près pour retrouver la pierre dans le tableau tant elle est bien intégrée !

Près d'elle, un autre artisan qui travaille tout en soins et délicatesse sur ses supports délaissés et destinés à la déchetterie : des meubles qu'il restaure, rhabille aux goûts du jour avec, parfois, l'aide d'une tapissière, elle aussi établie à Etables-sur-Mer. Pascal Blanchard ouvre le dimanche matin seulement ! Il profite de ce que le marché du village se tient le dimanche matin pour accueillir un public intéressé par ses relooking de meubles mais aussi ses restaurations d'oeuvres d'art. Une promenade à s'offrir et un contact à conserver si l'on a des meubles dont on cherche à se débarrasser. Son traitement du bois par aérogommage donne un résultat à mille lieues du sacro-saint ponçage main ou machine et ses peintures, ni mates ni satinées, qui captent la lumière comme le ferait un velours apportent une douceur inénarrable aux meubles relookés.

J'espère vous avoir donné l'envie de pousser jusque là cet après-midi ou demain, lundi de Pentecôte ? Le village se situe entre Guingamp et Lannion pour qui réside en Côtes d'Armor. D'ailleurs, certains de ces artisans sont à retrouver à Lannion, dans un nouvel espace dédié aux créateurs.

Sans avoir pris de photos de son travail, j'ai aussi beaucoup parlé avec Andrée Bacher qui travaille le crochet en freeform, une technique que j'aime particulièrement. Elle donne des cours dans un magasin de tissu établi à Lanvollon, non loin de Paimpol ou de Saint-Brieuc et n'a pas été avare de conseils et d'astuces pour moi qui patauge allègrement dans le crochetage, ne parvenant pas à mémoriser les différents points.

Si je savais pouvoir réunir un nombre suffisant de participantes, j'organiserais bien un stage .... Une question à creuser peut-être ?

J'ai aussi beaucoup bavardé (comme j'ai pu) avec le créateur Goodwin-Jones qui travaille le raku délicieusement. J'ai déjà montré son travail sur mon blog personnel lorsque je relatais le festival de Léhon, entre autres. Ses alignées de petites maisons, ses petits bâteaux, ses phares racontent mille histoires de mer et de petits ports abrités.....